Lina Majdalanie et Rabih Mroué travaillent pour la première fois avec trois écrivain·e·s libanais·e·s, qui racontent leur vie passée dans un pays qu’ils et elles ont dû abandonner.
Lina Majdalanie et Rabih Mroué travaillent pour la première fois avec trois écrivain·e·s libanais·e·s, qui racontent leur vie passée dans un pays qu’ils et elles ont dû abandonner.
Trois passeur·se·s de frontières, de celles qui séparent les pays, les langues, les classes sociales, les genres ou les religions, dans le Liban d’aujourd'hui, qui partagent le courage des exilé·e·s et célébrent les métamorphoses.
Chaque récit aborde à sa manière le désir, la tentation, la volonté de traverser ou d’abolir des frontières. Ils rapportent la souffrance de celles et ceux qui osent le faire, ou de celles et ceux qui n’ont pas eu le choix de rester à l’intérieur des frontières établies. Frontières nationales, ou entre les genres, ou entre les classes sociales, ou religieuses ou...: elles ne s’en superposent pas moins toutes, se croisent et se déchaînent les unes contre les autres en chacun de nous, tout en resserrant l’étau autour de nos cous.
Le projet est de travailler avec des auteurs dont l’histoire personnelle retrace ces luttes imbriquées les unes dans les autres. Ils et elles en font une matière de réflexion politique, sociale, queer et linguistique, à la fois. Une réflexion puisée dans le vécu, la chair, le corps et les désirs, dans la ville, le quartier, la rue, la famille, l’école, la mosquée, la boutique, le cimetière, et qui y retourne toujours. Une histoire personnelle dont les origines remontent souvent à travers les générations, qui commencent souvent avec le début du XXe siècle sans toutefois en faire la raison de tous les maux, mais le dépassent pour aller bien avant et bien après.
1. Incontinence - De Rana Issa
Incontinence? Ou plaisir sensuel et subversif de pisser sur le monde pour mieux marquer ses repères? Ou peut-être pour abolir les repères? Quoi qu’il en soit, c’est une occasion ou un prétexte pour Rana Issa pour remonter à travers le temps et les générations. À travers l’histoire de sa grand-mère Izdihar, réfugiée Palestinienne au Liban, elle repense, déconstruit, analyse les notions de Oum (mère), Oummiyya (analphabète, analphabétisme) et Oumma (communauté, nation), les heureux et malheureux héritages, les ruptures désirées ou forcées, le retour menaçant du passé.
Rana Issa aime explorer les traductions, leurs histoires, leurs théories et leurs pratiques. Elle cherche le point d’équilibre entre le quotidien, les engagements militants et la curiosité académique. Ses écrits traversent de nombreux genres et langues. Elle a occupé des rôles de direction dans divers aspects de la production culturelle: ancienne rédactrice en chef d’Arabic and Translation in Rusted Radishes, elle est la directrice artistique de Masahat.no. Elle gagne sa vie en tant que membre de la faculté de l’Université américaine de Beyrouth et comme chercheuse à l’Université d’Oslo. Elle est lauréate du prix National Endowment for the Arts avec Suneela Mubayi pour sa traduction en cours du récit de voyage en Europe de l’auteur du 19e siècle Ahmad Faris al-Shidyaq, Tickets to Malta, London and Paris by the Remarkable Ahmad Fares. Son livre The Modern Arabic Bible est à paraître chez Edinburgh University Press.
2. Mémoires non fonctionnelles - De Bilal Khbeiz
Poète, essayiste et journaliste, Bilal Khbeiz a été contraint de quitter le Liban, il y a plusieurs années déjà. Désormais installé aux États-Unis, continue-t-il sa vie là-bas? Ou bien est-il né une deuxième fois? Comment continuer sa vie, quand toute l’expérience, le vécu et tout ce qu’une personne a appris et construit sa vie durant deviennent plus entravant qu’utiles? Comment faire quand on nait une deuxième fois, et qu’on se retrouve enfant à l’âge adulte? Enfant, mais sans la naïveté ni la spontanéité de ce dernier.
Dans son texte, Bilal raconte sa défaite et ses déceptions. Il ne cherche pas à se venger, au contraire même, il essaie de savourer la défaite, et surtout il continue sa réflexion politique sur le monde contemporain.
Bilal Khbeiz est un journaliste, poète, critique, essayiste et artiste contraint à l’exil sous la menace d’un assassinat en 2008. Il contribue régulièrement aux journaux Beyrouth Al Masa’, Al Nahar, Al-Mustaqbal, Elaph et e-flux, entre autres publications et réseaux. Il a notamment publié Progress Towards Disaster (2021), Tragedy in the Moment of Vision (2007), The Enduring Image and the Vanishing World (2005), Globalisation and the Manufacture of Transient Events (2003), Fi Annal Jassad Khatia’ Wa Khalas (That the Body is Sin and Deliverance, 1998), On My Father Illness in the Unbearable (1997) et Perhaps Memory of Air (1991).
3. L’imperceptible suintement de la vie - De Souhaib Ayoub
"Les identités s’entrelacent avec les formes urbaines, sociales et politiques que la ville produit" dit Souhaib Ayoub, et il n’est lui-même qu’une des multiples images des transformations et des structures de la ville de Tripoli dont il est originaire.
Dès lors, raconter sa vie, c’est dire sa ville. Partager sa découverte précoce de son identité homosexuelle, exposer les discriminations qu’il a subies et les menaces qu’il a reçues, témoigner de sa lutte pour sa liberté jusqu’à son exil en France en tant que réfugié politique, revient à décrire la vie dans les quartiers populaires de Tripoli, les conflits politiques entre les familles, les gangs, les différentes appartenances religieuses et l’impact de ces conflits sur l’économie et les échanges dans ces quartiers. Et c’est, inexorablement, explorer les racines politiques et sociales de ces tensions depuis le mandat français jusqu’à nos jours, en passant par la guerre civile et la montée de l’influence du mouvement d’unification islamique.
Souhaib Ayoub est un journaliste et écrivain libanais, peintre et artiste. Il réside en France depuis 2015. Il a travaillé pour le quotidien libanais Al-Hayat et a été le correspondant à Paris du quotidien panarabe Al-Quds al-Arabi. Il a également écrit des articles pour les quotidiens libanais An-Nahar, As-Safir, Al-Mustaqbal et Asharq al-Awsat. Il a aussi été reporter pour la chaîne libanaise MTV. Il a lancé le projet "Ta’a naktob" ("Écrivons ensemble"), dont le but est de populariser l’écriture créative (creative writing) auprès des jeunes. Souhaib Ayoub milite pour les droits de l’homme et s’attache à diffuser la notion d’identité de genre. Rajol min satin (Un Homme de satin) est son premier roman (2019), et son roman Binayet Hargoul (Immeuble de Hargol) a reçu le prix de production d’Al Mawred Al Thaqafy (2021).
Note d'intention par Lina Majdalanie et Rabih Mroué
Théâtre
En arabe et français, surtitré en français
Jeudi, janvier 19, 2023 - 7:30pm Add to Calendar |
jeu 19.01 | 19h30 | |
Vendredi, janvier 20, 2023 - 6:30pm Add to Calendar |
ven 20.01 | 18h30 | |
Samedi, janvier 21, 2023 - 3:00pm Add to Calendar |
sam 21.01 | 15h00 | |
Dimanche, janvier 22, 2023 - 6:00pm Add to Calendar |
dim 22.01 | 18h00 | |
Mercredi, janvier 25, 2023 - 7:30pm Add to Calendar |
mer 25.01 | 19h30 | |
Jeudi, janvier 26, 2023 - 7:30pm Add to Calendar |
jeu 26.01 | 19h30 | |
Vendredi, janvier 27, 2023 - 7:30pm Add to Calendar |
ven 27.01 | 19h30 | |
Samedi, janvier 28, 2023 - 7:30pm Add to Calendar |
sam 28.01 | 19h30 |
TARIFS: VIDY À TON PRIX
Choisissez en fonction de vos possibilités.
10.-*/15.-/20.-/25.-/30.-/40.-CHF
Tarif suggéré pour ce spectacle 20.-
*Moins de 26 ans
Metteur·euse·s en scène
Seuls ou ensemble, ces deux artistes libanais produisent des pièces à forte charge critique, toujours en lien avec les contradictions et réalités du Liban. Les fictions qu’ils élaborent sont le plus souvent des enquêtes socio-politiques d’une grande liberté, qui trouvent leur forme indifféremment dans des installations, des performances, des conférences non académiques, des vidéos. Actrice, auteure et metteure en scène, Lina Majdalanie a écrit, joué et dirigé de nombreuses pièces, dont : Les Chaises (1996), Ovrira (1997), Extrait d’État civil (2000), Biokhraphia (2002), Appendice (2007), Photo-Romance (2009) et 33 tours et quelques secondes (2012). Elle a aussi réalisé I Had A Dream, Mom (vidéo, 2006) et Lina Majdalanie Body-P-Arts Project (a website project, 2007). Son travail interroge la citoyenneté, la place de l’humain dans l’espace public, et, plus spécifiquement, celle du corps à l’ère de la mondialisation, de l’internet, de l’image virtuelle et de la société de surveillance. Rabih Mroué est lui aussi acteur, auteur et metteur en scène. Actuellement en résidence au Centre de recherche international de la Freie Universität de Berlin, « Interweaving Performance Cultures », il est aussi rédacteur de la revue libanaise Kalamon et de The Drama Review (New York). Il a notamment réalisé : Riding on a cloud (2013), 33 tours et quelques secondes (2012), Pixelated Revolution (2012), The Inhabitants of Images (2008), Who’s Afraid of Representation (2005).
Conception et mise en scène
Lina Majdalanie
Rabih Mroué
Textes
Rana Issa, Incontinence
Souhaib Ayoub, Mémoires non fonctionnelles
Bilal Khbeiz, L'imperceptible suitement de la vie
Avec
Souhaib Ayoub
Raed Yassin
Lina Majdalanie
Rabih Mroué
Production
Théâtre Vidy-Lausanne ▼
Coproduction
Festival d’Automne
Avec les équipes techniques, administratives, de production et de développement des publics & communication du Théâtre Vidy-Lausanne ▼
Rencontre avec l'équipe artistique
Vendredi 20.01
à l'issue de la représentation
Propositions de lectures pour poursuivre le spectacle autrement (livres en vente à la librairie du Théâtre):