Aller au contenu principal
  • Accueil
  • Au programme
    • Saison 18/19
      • Autour des spectacles
    • Afficher le calendrier
  • Spectateurs·rices
    • Enfants, ados & familles
    • Jeunes et étudiant·e·s
    • Enseignant·e·s
    • Publics en situation de handicap
    • Multilingual audience
    • Professionnel·le·s des arts de la scène
    • Presse
  • Abonnement Général Vidy
  • Samedis Vidy
  • Vidy +
    • Vidy + Autour des spectacles
    • Vidy + Migrations
    • Vidy + École
    • Vidy + Formation
    • Fêtes
    • Vidy + Podcasts
    • Visites du théâtre
  • Productions et tournées
  • Le Théâtre
    • Projet et histoire
    • Conseil de fondation, soutiens et partenaires
    • L'équipe
    • La Kantina
    • La Librairie
    • Les salles et l'atelier
    • Les ruches de Vidy
    • Nouveau pavillon en bois
    • Emplois et stages
    • Vidy dans la presse
    • Archives
  • Partenaires
    • Cercle des mécènes
    • Ami·e·s du théâtre
    • Club des entreprises
    • Partenaires culturels
    • Votre annonce dans le magazine
    • Librairie Payot - Grands Débats
  • Infos pratiques
    • Accès et horaires
    • Navettes Genève gratuites
    • Contact
    • S'abonner
    • Tarifs
    • Bon cadeau
    • Bourse aux billets
    • FAQ
    • Conditions générales
  • Mon compte
  • Recevoir la newsletter
Théâtre Vidy-Lausanne

Menu

  • fr
  • en

Achetez vos billets

Acheter

Le Direktør

Oscar Gómez Mata

Le Direktør

D’après une comédie de LARS VON TRIER

Le patron d’une start-up embauche un comédien au chômage pour jouer son propre rôle et ne pas assumer ses décisions impopulaires. Le théâtre de l’absurde d’Oscar Gómez Mata adapte cette comédie délirante tirée du scénario du danois Lars von Trier.

Le patron d’une start-up d’informatique à l’activité incertaine a trouvé une solution pour ne pas avoir à assumer ses décisions impopulaires : il se fait passer pour un employé comme un autre, se disant chargé par un improbable directeur américain d’appliquer des directives auxquelles il ne pourrait rien. Le stratagème fonctionne jusqu’à ce qu’il décide de vendre l’entreprise et que l’acheteur demande à négocier directement avec le patron. Il embauche alors un comédien au chômage pour jouer ce double de lui-même… Et les ennuis commencent. L’acteur sursoit à son rôle, l’imbroglio tourne à la farce et des péripéties improbables mettent en scène un patron irresponsable, des employés serviles et les affres désolantes du management contemporain et de l’irresponsabilité collective.

Le réalisateur Lars von Trier, habitué à être là où on ne l’attend pas pour exercer son regard critique sur la vie de ses contemporains, signait en 2006 avec Le Direktør une comédie à l’humour acide et absurde, dans laquelle le théâtre a une large part : un comédien dépassé par son rôle et qui change du tout au tout quand on cite ses classiques et des situations dignes du meilleur vaudeville dans ce jeu de dupes que peut être le monde du travail contemporain. Retrouvant dans ce film un sens du grotesque et de l’ambiguïté qui lui est propre, le metteur en scène romand Oscar Gómez Mata reprend le scénario de Lars von Trier pour mettre en scène l’absurdité du monde de l’entreprise, les pouvoirs du théâtre et ce que devient le sens des responsabilités dans un monde désordonné. Sans rien perdre de l’humour du scénario, le cinéma devenu théâtre joue des incertitudes entre le vrai et le faux et s’amuse des lâchetés du pouvoir contemporain dans une grande comédie extravagante.

Du 8 au 11 novembre 2017
Durée:
env. 150 min
Salle Charles Apothéloz

Théâtre

Dates et horaires

Mercredi, novembre 8, 2017 - 8:00pm mer 08.11 20h00
Jeudi, novembre 9, 2017 - 7:00pm jeu 09.11 19h00
Vendredi, novembre 10, 2017 - 8:00pm ven 10.11 20h00
Samedi, novembre 11, 2017 - 5:00pm sam 11.11 17h00


Introduction: mer. 8.11, 18h
Rencontre: jeu. 9.11 à l'issue de la représentation

PARENT(S)/ENFANT(S)
Samedi 11 novembre, 16h45 - 18h45
Atelier et goûter seuls (Enfant) Acheter

PARCOURS VIDY
Enchaînez certains spectacles et bénéficiez du tarif S pour le second spectacle.
11 novembre
Passion simple + Le Direktør Acheter

Billets, horaires et infos détaillées
Oscar Gómez Mata

Metteur en scène

Oscar Gómez Mata

Metteur en scène et comédien, auteur et scénographe d’origine basque, Oscar Gómez Mata débute au Pradillo en Espagne, partageant alors l’affiche de ce petit théâtre madrilène avec La Ribot et Rodrigo Garcia. Il s’installe à Genève en 1997 et y crée la Compagnie L’Alakran. Tournées et résidences en Suisse et à l’étranger sont l’occasion de développer son théâtre ludique et politique, aussi délirant qu’ancré dans les réalités contemporaines. Mettant en scène des textes (Rodrigo Garcia, Marielle Pinsard), comme des créations inventées avec ses équipes, il conçoit le théâtre comme une « échappée optimiste » que cet agitateur théâtral partage en maniant avec adresse la lucidité et l’extravagance, jouant volontiers des contradictions de notre ère avec une joyeuse vitalité toujours renouvelée. Oscar Gómez Mata intervient également en tant que formateur et pédagogue, notamment à l'École Serge Martin ou à la Manufacture. Il a présenté à Vidy Le Direktør, premier volet d'un diptyque sur Lars von Trier, en 2017.

 

Du même artiste
Le Royaume
En savoir plus
Le Direktør © Steeve Iuncker
Le Direktør © Steeve Iuncker
Le Direktør © Steeve Iuncker
Le Direktør © Steeve Iuncker
Le Direktør © Steeve Iuncker
Le Direktør © Steeve Iuncker
Le Direktør © Steeve Iuncker
Le Direktør © Steeve Iuncker
Le Direktør © Steeve Iuncker
Générique

Mise en scène et adaptation:
Oscar Gómez Mata

Assistanat à la mise en scène:
Jean-Daniel Piguet

Traduction du danois:
Catherine Lise Dubost

Création lumière et direction technique:
Roberto Cafaggini

Création et régie son:
Fernando de Miguel

Scénographie:
Daniel Zamarbide - Bureau

Assistante scénographie:
Vanessa Vicente

Costumes:
Veronica Segovia

Assistée de:
Marie Diatchenko

Médiation:
Simon Hildebrand

Administration:
Aymeric Demay

Production et diffusion:
Barbara Giongo

Traduction du danois:
Catherine Lise Dubost

Avec:
Pierre Banderet
Valeria Bertolotto
Claire Deutsch
Vincent Fontannaz
Christian Geffroy Schlittler
David Gobet
Camille Mermet
Aurélien Patouillard
Bastien Semenzato
 

Production:
Compagnie L’Alakran

Coproduction:
Théâtre du Loup, La Bâtie-Festival de Genève et Bonlieu Scène nationale Annecy dans le cadre du soutien FEDER du programme Interreg France-Suisse 2014-2020 - Théâtre Benno Besson, Yverdon-les-Bains–TPR La Chaux-de-Fonds/Centre neuchâtelois des arts vivants.

Soutiens:
Fondation Leenaards, Pour-cent culturel migros, Loterie Romande

Spectacle lauréat 2016 du concours Label + Théâtre Romand

L'Alakran est au bénéfice d'un contrat de soutien conjoint entre la République et Canton de Genève, la Ville de Genève et Pro Helvetia - Fondation suisse pour la culture (2015-2017)

D'après un scénario de Lars von Trier. Titre original: Direktøren for det hele, présenté avec l'accord de Nordiska ApS, Copenhagen

Création septembre 2017

Presse et Pro
Consultez et téléchargez divers documents liés au spectacle : dossier de presse, photos HD, feuille de salle, revue de presse...

Photos HD

Télécharger ZIP
Vidy+
 

Introduction au spectacle
Mercredi 8.11, 19h

Rencontre avec l'équipe artistique
Jeudi 9.11
à l'issue de la représentation

Table ronde
Samedi 11.11, 19h45
En savoir plus
 

+
Parent(s)/Enfants(s)
 

Les Parents/Enfants permettent aux petits, dès 6 ans, de participer à un atelier théâtral à Vidy pendant que leurs parents assistent à un spectacle.

Samedi 11 novembre, 16h45 - 18h45

Atelier et goûter
Acheter

Synopsis

Ravn est un entrepreneur qui, avide d’amour et de reconnaissance, ne supporte pas de devoir assumer ses décisions...

Lorsqu’il crée son entreprise avec des amis (pour laquelle il a investi en son nom propre l’argent qu’il leur a emprunté en prétextant des dif cultés  nancières), il se fait passer pour un simple employé soumis aux ordres d’un mystérieux directeur résidant aux États-Unis dont il est chargé - contre sa volonté, prétend-il - de faire appliquer les décisions impopulaires. Décidé à vendre son entreprise (dont il demeurerait le seul employé, tous ses amis étant licenciés dans le transfert, ce qui serait pour lui l’occasion d’empocher des droits sur un système que ses amis ont développé), Ravn se trouve confronté aux limites de son stratagème: il lui faut un directeur. Il engage donc Kristoffer, un acteur de seconde zone au chômage, pour jouer ce rôle, l’idée étant que le directeur con e les pleins pouvoirs

à Ravn, son bras droit. Malheureusement, Finnur, l’acheteur islandais a lu dans les sagas de son pays que « celui qui traite avec un valet ne traite avec personne » et exige donc la présence du directeur en personne pour les négociations.

Les choses deviennent un peu compliquées pour Ravn, obligé de composer avec Kristoffer. Celui-ci, jusqu’ici habitué à des rôles peu en rapport avec celui qu’on le fait jouer (il voue une véritable adoration à un certain Gambini et plus particulièrement à son «monologue du ramoneur dans la ville sans cheminées»), doit endosser la fonction du parfait salaud, le directeur, celui qui a demandé en mariage Heidi A. dans le seul but de l’empêcher de démissionner tout en refusant les avances de Lise au motif qu’il était homosexuel, qui a poussé le mari de Mette au suicide en le licenciant et repousse depuis plus de six ans les plaintes justi ées du pauvre Jokumsen dont on ignore tout sinon qu’il a été injustement  oué de ses droits. Les autres employés de l’entreprise — Nalle, Gorm et Spencer — ne sont pas mieux traités.

Kristoffer découvre avec stupéfaction que l’avocate de Finnur et de son traducteur n’est autre que Kisser, son ex-femme. La situation empire de jour en jour.

Thèmes et dramaturgie

Ce n’est jamais agréable de virer des gens. On n’a jamais envie. Ni de les engueuler ou de leur donner des ordres. Par contre, c’est toujours agréable de les augmenter. Si on avait le pouvoir de se dédoubler, on pourrait être le mec sympa qui augmente les gens pendant qu’un autre se charge de les virer.

Travail et responsabilité

Le scénario de Lars von Trier est une satire féroce de l’entreprise; il contient une charge politique à l’encontre de ce qu’est devenu le monde du travail aujourd’hui, ce royaume in ni de l’absurde et de la violence symbolique. Le vrai patron est d’une lâcheté inimaginable lorsqu’il s’agit d’annoncer les mauvaises nouvelles. Engager un autre pour faire semblant de vous diriger n’est pas commun, mais cela n’est possible qu’à partir du moment où les employés de l’entreprise eux- mêmes ne savent pas qui en est le patron.

Dirige celui qui ment aux autres. Dirige celui qui se ment à lui-même.

Il s’agit donc d’une «comédie de bureau», le mot «comédie» entendu dans toute sa puissance sémantique: le travail est une petite scène de théâtre, une pièce en trois actes, les employés en sont les acteurs, prisonniers de leurs rôles, toujours plus étroits.

Le vrai patron est lâche; il veut seulement être aimé. Le faux patron est brave; mais il décide de pousser jusqu’au bout le faux.

Beaucoup de patrons ont des dif cultés à diriger, à jouer leur rôle. Alors que ce qu’on attend d’un patron, c’est qu’il exerce bien son pouvoir, avec équité.

On peut y voir une incapacité à pouvoir dire les choses telles qu’elles sont aux employés, d’autant plus que de nos jours, les patrons sont de plus en plus virtuels. Les entreprises se sont transformées, les lieux de décisions se sont déplacés, ce ne sont plus vraiment les patrons qui décident, mais le marché, la côte, etc... L’endroit des décisions est d’un anonymat complet.

Parfois les décisions vont déplaire, les mauvais patrons sont guidés par le désir d’être aimés, créant de faux rapports, niant le rapport d’autorité, de hiérarchie, entretenant le mythe que ça n’existe pas.

Il y avait avant une hiérarchie dans le monde du travail; le patron avait un nom, un visage, si les ouvriers se sentaient opprimés, exploités, il en étaient d’autant plus solidaires et avaient une identi cation de classe très forte; désormais, les organigrammes sont beaucoup plus diffus. Avant, le sentiment d’impuissance des ouvriers se transformait en un sentiment de colère; on savait contre qui on allait se battre. De nos jours, on n’arrive pas à identi er qui au fond est responsable des décisions prises.

Qui est Wall Street ? Qui est le directeur de tout? Qui est «le marché»?

Les responsabilités sont déplacées, diluées. On ne peut plus personni er, mettre un visage humain.

Aujourd’hui, les logiques économiques ont bon dos; l’abdication du pouvoir politique aux pouvoirs économiques ne fait qu’accentuer la lâcheté des dirigeants.

Cette comédie sur la fausseté nous dit: qu’est-ce qui est prioritaire pour moi? que faut-il préserver, sur quoi je dois agir?

O. Gomez Mata, janv. 2016

Le travail, entre labeur et ouvrage
par Viviane Gonik, ergonome, spécialiste de la santé au travail, in Le Courrier, lundi 5 septembre 2016

Les mots ont une histoire. L’analyse de leur origine, de l’évolution de leur usage leur donne un autre éclairage. 

En se penchant sur l’étymologie des mots employés quotidiennement dans le monde de l’entreprise et du travail, en les rapprochant de mots formés d’une même racine, apparaissent d’autres facettes qui rendent leur réalité plus brutale et plus visible. Travail, emploi, patron, ouvrier management, retraite, licenciement... qu’est-ce qui se cache derrière ces termes ? En français, le mot « travail » dérive du latin tripalium, instrument formé de trois pieux auquel on attachait les animaux pour les ferrer, ou les esclaves pour les punir. Au XIIe siècle, le terme désigne un tourment ou une souffrance, qu’on retrouve aujourd’hui quand on évoque le travail d’accouchement. En allemand, Arbeit proviendrait d’un mot slave arba, l’esclave, alors que le mot anglais work serait issu d’un terme indo-européen désignant «le faire». On voit ici trois origines qui renvoient à des conceptions différentes du travail, souffrance pour les uns, obéissance ou pragmatisme pour les autres.

Les termes «emploi», «employé-e», dérivent de la racine latine plec, avec l’idée de tresser ou de plier et le suffixe –em, dedans. «Être employé» voudrait donc dire qu’on est plié dedans. Toute une série de mots avec d’autres pré xes ont la même origine : exploit, exploitation, supplier, supplice, complice, duplicité... tout un programme.

Cependant, travail a également un aspect positif et constructeur de l’identité. Aux racines du terme «ouvrier», on trouve les mots latins opera, activité du travailleur, et operare, travailler. C’est la même origine qui nous a donné œuvre, opéra, désœuvrement. Il faut ainsi noter que «jour ouvrable» ne signifie pas ouvert, mais jour travaillé.

L’ «usine» qu’on dénomme dans le nord de la France wisine, ou ochevinne, apparaît dès le XIIe siècle. Le mot sert à désigner un lieu où la production est assurée grâce à la force motrice hydraulique. L’usine devient alors le territoire des machines où l’ouvrier n’occupe qu’une place réduite. A l’opposé des «manu-factures» (fait à la main) que Colbert s’ingénia à développer en France sous Louis XIV. Le terme «usine» se diffusera largement dans les années 1830. A l’époque, on l’adopte pour ne pas employer ceux de «manufacture» ou de «fabrique». Il est jugé plus moderne, plus apte à nommer la rupture qui s’opère alors dans le système productif.

Le mot «salaire» provient du latin salarium, dérivé de sal qui signifie «sel». Denrée rare, le sel servait à payer les fonctionnaires à la fin de l’empire romain. Précieux et difficile à récolter, le sel était évalué à

prix d’or et servait de référence... comme aujourd’hui les lingots d’or qui reposent dans les caves de nos banques. Avec le temps, la rémunération en nature se transforme en monnaie sonnante et trébuchante. C’est le salarium, autrement dit la monnaie pour acheter le sel. De ce mot, nous avons fait «salaire».

Passons maintenant du côté de ceux qui dirigent les travailleurs. Certains pensent à tort que le terme de management serait un mot anglais où l’homme (man) serait au centre des préoccupations de l’organisation. En fait, ce terme dérive du terme équestre mesnager, qui signifie, en français du XVe siècle, «tenir en main les rênes d’un cheval», et qui provient du latin manus, la main. Il a subsisté en équitation au travers du mot «manège», ou dans les maisons par le «ménage».

Le capital d’une entreprise désigne désormais l’ensemble des produits accumulés destinés à la réalisation des besoins ultérieurs. On parle même de «capital humain» ou de «ressources humaines» pour qualifier l’ensemble des salariés. Le terme est dérivé de la racine latine caput: la tête, qu’on retrouve dans décapitation et capitulation. Il s’est transformé en «cheptel», soit l’ensemble des têtes d’un troupeau, représentant une somme d’argent pour son propriétaire. Paradoxalement, malgré cette dénomination de ressources humaines, dans les comptabilités des entreprises les salaires font partie des coûts, alors que les machines sont des investissements.

Dans «patron», il y a père, comme dans patrie et patriarcat. Dans sa première signification, qui existe toujours, il y a l’idée de protection, comme le saint patron d’une ville. Il prend ensuite le sens de modèle, comme le patron d’un tricot ou d’une robe. Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle, au moment où se met en place le système industriel, que «patron» prend le sens de «chef d’entreprise». Un modèle à suivre ? un protecteur ? beaucoup en douteraient. Aujourd’hui, les employé-e-s sont de plus en plus confrontés à des formes de menaces plutôt qu’à une protection: précarité, licenciement, chômage...

Le mot «précaire» est apparu au XVIe siècle. Il provient du latin juridique precarius, qui signi e «obtenu par prière». Il s’agirait d’un contrat entre un individu et un dieu (ou un maître, un seigneur, un patron) qu’il faut prier pour qu’il daigne vous octroyer un bail, un morceau de terrain ou un travail. L’origine du terme remonte au droit romain. Est précaire ce qui «n’est octroyé, qui ne s’exerce que grâce à une concession, à une permission toujours révocable par celui qui l’a accordée». Pour les employé-e-s, cela signifierait donc être à la merci du bon vouloir d’un patron, ne jamais protester, ni revendiquer au risque de se faire licencier.

L’évolution du terme licencier trahit un étrange dévoiement. A l’origine, le «licenciement» est la resti- tution par un chef militaire à ses soldats de la liberté (licence) de disposer d’eux-mêmes. On retrouve d’ailleurs la notion de «liberté» quand on parle de mœurs «licencieuses». Les salarié-e-s licencié-e-s sont donc enfin libres d’aller... pointer au chômage.

Le terme de chômage provient du bas latin (XIIe siècle) caumare, qui signifie «se reposer durant la chaleur». Et dire qu’on menace de chômage les travailleurs du bâtiment qui réclament depuis longtemps de pouvoir s’arrêter de travailler quand il fait trop chaud.

En cas de conflits, les employé-e-s peuvent avoir recours à la grève ou au sabotage. L’histoire

du sabotage va de pair avec celle de l’industrialisation. On peut ainsi citer le mouvement des ludites, groupes d’ouvriers du textile anglais menés par Ned Ludd qui, de 1811 à 1816, s’organisèrent pour détruire les machines accusées de provoquer le chômage. Le terme de sabotage viendrait du fait que les ouvriers abîmaient les machines en y lançant leurs sabots de bois. Pour d’autres linguistes, il est probable que le sabotage désigne un travail exécuté à coup de sabot, en d’autres termes, de mauvaise qualité. Dans cette incertitude étymologique se trouve en germe la tension entre deux conceptions du sabotage, toutes influentes au sein du mouvement ouvrier d’avant 1914: l’une qui considère le sabotage comme une pratique active visant à entraver délibérément la production ; l’autre qui y voit une sorte de grève du zèle visant à en faire le moins possible.

Le mot grève vient du mot gaulois grava désignant du sable épais. A l’origine de l’expression «faire grève», on trouve l’ancienne place de Grève, à Paris, couverte de sable grossier, où se réunissaient les chômeurs en attente d’emploi. C’est ici que les employeurs venaient les chercher en fonction de leurs besoins. «Faire grève» signifiait à l’époque «rechercher du travail». C’est seulement à partir du XIXe siècle, lorsque les travailleurs mécontents se réunissaient sur cette même place [rebaptisée en 1803 place de l’Hôtel-de-Ville, ndlr], que l’expression a pris sons sens actuel.

Évoquons en dernier lieu la «retraite», cible d’une série d’offensives et qui fera l’objet d’une prochaine votation en Suisse. Au départ, c’est un terme militaire qui signifie retirer les troupes du front. Par extension, il a pris le sens de se retirer de l’agitation du monde (la retraite religieuse), pour enfin définir le retrait d’une activité salariée. En espagnol, la retraite se dit jubilación, mot issu du «jubilé» hébreu qui, selon la tradition biblique, se fêtait tous les 50 ans. Cette année-là était une année de libération générale, les terres aliénées ou gagées devaient être rendues, les dettes remises et les esclaves libérés. De quoi jubiler.

En revenant à l’étymologie des mots, un discours managérial pourrait se présenter ainsi : «Le patron protecteur et modèle tient bien les rênes de son troupeau d’ovins, installés dans une usine sur leur tabouret de torture. Il consent à leur jeter du sel, mais s’il n’est pas content, il les prive de sel, les libère et les envoie se mettre à l’abri de la chaleur. Si le troupeau renâcle, il peut aller sur la grève ou envoyer des coups de sabot. Au bout de 50 ans, le troupeau part en jubi- lation et les esclaves sont affranchis.»

 
La presse en parle
Le Direktør - Le Temps
06 septembre 2017
 

"Lars Von Trier fouette bien à La Bâtie"

 

En savoir plus...
Le Direktør - Le Courrier
05 septembre 2017
 

"Oscar Gómez Mata parodie l'entreprise"

 

En savoir plus...
Le Direktør - Le Programme.ch
31 août 2017
 

"Les affres du "capitulisme""

 

En savoir plus...
Le Direktør - Le Matin Dimanche
27 août 2017
 

"Oscar Gómez Mata, l'homme en fête du festival de La Bâtie"

En savoir plus...

Théatre Vidy-Lausanne

Directeur Vincent Baudriller

Av. E-H. Jaques-Dalcroze 5

CH-1007 Lausanne

Billetterie +41 21 619 45 45

Administration +41 21 619 45 44

info [at] vidy [dot] ch

Accès

Horaires

Contact

Mon compte

Copyright @2018 Vidy

All rights reserved