La metteuse en scène Daria Deflorian reprend les romans de l’auteur français pour leur spectacle de fin d’études et décrire avec eux et elles ce que révèle – de soi, de la société – le passage d’un milieu social à un autre.
La metteuse en scène Daria Deflorian reprend les romans de l’auteur français pour leur spectacle de fin d’études et décrire avec eux et elles ce que révèle – de soi, de la société – le passage d’un milieu social à un autre.
L’écrivain Édouard Louis accompagne les étudiant·e·s de la promotion L depuis leur entrée à La Manufacture. La metteuse en scène Daria Deflorian reprend les romans de l’auteur français pour leur spectacle de fin d’étude et décrire avec eux et elles ce que révèle – de soi, de la société – le passage d’un milieu social à un autre.
Note d'intention de Daria Deflorian:
L’arc narratif de ce travail chemine entre deux noms : Eddy Bellegueule et Édouard Louis. De celui choisi par le père, avec un prénom “de séries américaines télévisées” à celui ardemment désiré par le jeune écrivain qui, à l’âge de vingt ans environ, saisit la justice pour changer de prénom et de nom. Cet arc narratif n’est pas une trame mais un enchaînement de faits et de réflexions sur les faits.
Nous pourrions appeler cela un poème de la transformation. En effet, son changement de nom est seulement le geste le plus symbolique parmi les nombreux autres que le très jeune Eddy/Édouard accomplit pour échapper aux injures, aux harcèlements, à la violence subis depuis son plus jeune âge. Sa transformation revêt souvent l’aspect d’un exercice de théâtre et ce parallèle est l’un des points d’articulation du projet artistique. Après avoir fui le village dont il est originaire, le jeune Eddy s’impose à lui-même un travail assidu pour changer : il apprend une nouvelle façon de rire, de prononcer les mots, de marcher, de s’habiller, il change sa couleur de cheveux. Il apprend à avoir des pensées qui diffèrent des siennes, il apprend de nouveaux comportements et attitudes. C’est ce qu’on fait dans les écoles de théâtre, ou directement en travaillant sur scène : comment me diriger vers le personnage que je veux atteindre ? Comment dois-je faire pour aller vers “un autre” qui se superpose à mon identité ? Quelles osmoses s’interposent à chaque instant entre ce que je suis et ce vers quoi je tends ? Pour le jeune Eddy/Édouard tout cela advient avec labeur, effort, violence (“une belle violence, celle de l’arrachement” comme il la définit lui-même) mais le but n’est pas de monter sur scène, il le fait pour bousculer, changer sa vie. Il écrit dans Changer : Méthode : “… pour lui le théâtre a été plus qu’un art, il a été un instrument de réinvention de sa vie (…) lui a fait comprendre que s’il voulait être autre chose ou quelqu’un d’autre, peu importe, alors il fallait le jouer, jusqu’à le devenir” et plus loin aussi : “… comme si la biographie d’un être était impossible, comme si l’histoire de ma vie n’était pas celle d’une personne à travers le temps mais la succession de personnages qui n’ont rien à voir les uns avec les autres, qui n’ont même pas en commun le Nom”.
Ce jeune homme, qui a passé des années alors qu’il était enfant à s’interviewer devant la glace pour sentir qu’il existait dans En finir, est traversé par toute l’équipe de comédien·nes : chaque performeur·euse présent·e sur scène est lui. Et en même temps, chacun·e reste lui·elle-même. Une multiplication d’identités du protagoniste qui donne vie à une multiplicité de personnages sur scène. Les autres personnages - les parents, les frères et sœurs, les camarades de classe, les ami·es, les amants - sont des traces fugitives de ce voyage forcené vers un salut qui semble se déplacer toujours un peu plus loin, comme l’horizon.
Nous mettons fin à cette course en bouclant une boucle : après l’obtention de son nouveau nom, le jeune homme publie son premier livre emprunt dans son titre-même des noms rejetés. Édouard parvient à laisser derrière lui – mais heureusement pas totalement – Eddy en le transformant grâce à la littérature en un personnage, “Les rues autour de moi se déformaient à cause des larmes dans mes yeux et en silence, sous ma peau, j’ai dit Adieu au passé”.
Mercredi, juin 29, 2022 - 7:30pm Add to Calendar |
mer 29.06 | 19h30 | |
Jeudi, juin 30, 2022 - 7:30pm Add to Calendar |
jeu 30.06 | 19h30 | |
Vendredi, juillet 1, 2022 - 7:30pm Add to Calendar |
ven 01.07 | 19h30 | |
Samedi, juillet 2, 2022 - 7:30pm Add to Calendar |
sam 02.07 | 19h30 |
TARIFS
de CHF. 5.- à 25.-
Par exemple: Tarif jeune étudiant·e, apprenti·e, 16/25 ans: dès CHF. 8.-
M. en scène, comédienne/ Étudiant·e·s de La Manufacture
La Manufacture aborde les formations en théâtre et en danse dans une perspective de recherche et de création. Étudiant·e·s des différentes filières, praticien·nes, artistes, chercheur·euse·s et enseignant·e·s travaillent sur un même site, lieu d’échanges et de rencontre des pratiques. Les arts de la scène sont abordés d’un point de vue contemporain et transdisciplinaire. La dimension multidisciplinaire de la Haute école se reflète dans chacune de ses missions : les formations de base et continue sont menées par des intervenant·e·s issus de différentes pratiques; la recherche artistique engage des projets en partenariat avec des institutions et des chercheur·euse·s en Suisse et à l’étranger; le centre de services propose une large palette de prestations focalisées sur les arts scéniques. La Manufacture propose un parcours de formation – dont sont issu·e·s les commédien·ne·s de En Finir ! – dans lequel la pratique théâtrale est constamment nourrie par la théorie, la recherche et l’expérimentation.
Installée à Rome, Daria Deflorian est auteure et comédienne (Prix Ubu pour son interprétation dans L’Origine del Mondo et dans Reality). Issue du monde de la performance, elle travaille régulièrement avec l’auteur et performeur Antonio Tagliarini, ensemble, il·elle signent des spectacles qui cherchent à renouveler le lien scène/public, troublant sans cesse les frontières entre répétition et représentation, réalité et fiction. Leurs créations, aussi simples que percutantes, reçoivent un accueil public et critique enthousiaste dans toute l’Europe. À Vidy, ils ont présenté en 2016 Reality, Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni et Il cielo non è un fondale et Quasi niente en 2020.
Dramaturgie et mise en sène
Daria Deflorian
Texte
Daria Deflorian
d’après les romans d’Édouard Louis
Assistanat à la mise en scène
Martin Reinartz
Scénographie et costumes
Fleur Bernet
Direction technique
Nicolas Berseth
Technique
Sélim Dir Mélaizi
Co-création et interprétation
Bénédicte Amsler Denogent
Délia Antonio
Angèle Arnaud
Ismaël Attia
Émilie Cavalieri
Émeric Cheseaux
Olivier Debbasch
Lou Golaz
Vivien Hebert
Alix Henzelin
Ali Lamaadli
Naïma Perlot-Lhuillier
Loubna Raigneau
Eliot Sidler
Étienne Tripoz
Production
La Manufacture - Haute école des arts de la scène en collaboration avec La Comédie de Genève