Il en tire une œuvre qui mêle émotions et réflexions comme rarement, interrogeant la vulnérabilité et la plus oppressante des angoisses: la peur d’être soi-même.

À vingt ans et après une passion de deux étés avec un amant, Boris Nikitin annonce à ses proches qu’il est gay, parvenant alors à revendiquer sa propre vérité vis-à-vis de lui-même et des autres, contre les conventions. Près de quinze ans plus tard, son père apprend qu’il est atteint de SLA – une sorte de sclérose appelée aussi maladie de Charcot. Devant la maladie incurable qui le laisse l’esprit lucide et progressivement paralysé, le père affronte son corps sans cesse plus diminué, lui qui le considérait jusque-là comme une usine chimique efficace et ajustée. Il prend bientôt la décision d’abréger l’attente de la mort par le suicide assisté. Cette décision, même si elle n’est pas suivie des faits, changea tout: assumer le désir de mourir, contre ce qu’on était soi-même et contre les conventions, éloigna les peurs et ouvrit un autre chemin à la vie à venir.

Pour Nikitin, lui et son père sont parvenus par deux chemins différents à dépasser les conditionnements sociaux et à partager les non-dits, les désirs cachés, les vérités intimes. En misant sur la confiance, ils sont devenus fragiles et ainsi humains.
Commencé peu de temps après la mort du père, le texte de Boris Nikitin rapproche les deux expériences, dans leurs différences.

Dans une scénographie minimaliste et en s’exposant lui-même, il conçoit un spectacle sur ce que signifie briser les tabous sociaux, oser faire le pas vers la sphère publique et, ce faisant, se rendre visible, attaquable et vulnérable. Attempt on Dying est une pièce sur le regard des autres, le dépassement des frontières de la honte et l'utopie d'une vulnérabilité qui ne serait plus perçue comme une faiblesse, mais comme une capacité révolutionnaire.