Le Français Romain et l’Algérienne Sabah, deux enfants de 9 ans qui vivent dans le même lotissement, se sont construit des mondes imaginaires pour échapper au réel. Ils voudraient rester ensemble, mais leurs parents en ont décidé autrement.
Le Français Romain et l’Algérienne Sabah, deux enfants de 9 ans qui vivent dans le même lotissement, se sont construit des mondes imaginaires pour échapper au réel. Ils voudraient rester ensemble, mais leurs parents en ont décidé autrement.
Sabah et Romain, 9 ans et 9 ans et demi, vivent dans des immeubles à la lisière de la ville. Sabah est d’origine algérienne mais c’est une Sioux, dit-elle, de la tribu des Dakota, et elle chasse le bison blanc dans la forêt mystérieuse, forcément mystérieuse, proche du lotissement. Romain est un cowboy français, avec son fidèle destrier de bois. Ils se rencontrent en bas de l’immeuble, la mère de Sabah a préparé des makrouts, ces gâteaux de semoule et de dattes, pour ce Romain qui est bien seul – ses parents peuvent l’oublier dans un coin et partir manger des huîtres au restaurant, dira-t-il. Romain n’arrive pas à prononcer le nom de ce gâteau et il a entendu ses parents dire des choses peu aimables sur les Arabes. Ainsi débute une amitié qui devient bientôt un peu plus qu’une amitié…
Les Séparables est l’histoire de ce duo d’enfants aventuriers, jeunes Roméo et Juliette d’une cité, qui se prennent à rêver la vie dans les yeux de l’autre, jusqu’à ce que les parents de la Sioux décident de quitter la cité et la suspicion qui pèse sur leurs origines, et que les parents bécoteurs du cowboy n’annoncent leur divorce. Ils se reverront peut-être, revenus du monde des adultes, en rêve ou en vrai…
Fabrice Melquiot a écrit cette parabole en suivant les rêves buissonniers des enfants, rendant la générosité de leur relation et leur perplexité devant le monde des adultes par un dialogue pétillant. Dominique Catton et Christiane Suter le suivent mot à mot et pas à pas pour rendre la fraîcheur de leurs échanges et la peinture en arrière-plan d’une société où règne la méfiance, grâce à l’interprétation précise et sensible des deux comédiens accompagnés d’un musicien. Un spectacle pour les enfants qui parle aussi des parents.
Vendredi, décembre 7, 2018 - 2:15pm | ven 07.12 | 14h15 |
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Vendredi, décembre 7, 2018 - 7:00pm | 19h00 |
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Samedi, décembre 8, 2018 - 3:00pm | sam 08.12 | 15h00 |
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Vendredi, décembre 14, 2018 - 2:15pm | ven 14.12 | 14h15 |
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Samedi, décembre 15, 2018 - 3:00pm | sam 15.12 | 15h00 |
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Samedi, décembre 15, 2018 - 7:00pm | 19h00 |
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AUDIODESCRIPTION
Samedi 15.12 à 15h
Metteurs en scène
Dominique Catton, metteur en scène et comédien, a fondé le Théâtre Am Stram Gram à Genève en 1974, en faisant un théâtre dédié aux enfants, mêlant textes du répertoire ou contemporains, exigence et esprit ludique. Christiane Suter accompagne l’aventure Am Stram Gram depuis les années 90 comme dramaturge, tout en poursuivant une carrière de comédienne. Les Séparables est le troisième spectacle qu’ils mettent en scène ensemble sur un texte de Fabrice Melquiot, qui a pris la suite de Dominique Catton à la direction d’Am Stram Gram. Egalement metteur en scène, cet auteur prolixe est l’un des auteurs dramatiques contemporains les plus joués. Ses pièces pour enfants et adolescents mettent souvent en scène des jeunes perplexes, s’interrogeant face au monde des adultes et lui opposant leurs désirs, leur curiosité et leur inventivité.
Souvent, au cœur des histoires que j’écris, j’imagine des enfants perplexes. Enfants pour lesquels le réel tel qu’il leur est donné à vivre fait question. [...] Enfants qui, à la lumière crue des choses telles qu’elles sont, opposent leur soif d’autre chose : un désir d’enrichir leur présence au monde de charges poétiques, oniriques, abstraites, énigmatiques. [...]
Souvent, au cœur des histoires que j’écris, j’imagine des enfants perplexes. Enfants pour lesquels le réel tel qu’il leur est donné à vivre fait question. Enfants qui doutent, qui s’inquiètent. Enfants qui, à la lumière crue des choses telles qu’elles sont, opposent leur soif d’autre chose: un désir d’enrichir leur présence au monde de charges poétiques, oniriques, abstraites, énigmatiques. Façon de nommer en creux ou explicitement que le présent est inacceptable sans les indices de réalités adjacentes, auquel l’art tente de donner forme.
Les Séparables, ce sont Romain et Sabah; de ces enfants rêvés qui contiennent autant de réel et de présent que de théâtre et d’intemporalité. Ils sont constitués des enfants qui m’entourent, de l’enfant que je crois avoir été. Ma fille n’est pas pour rien dans l’écriture de Sabah, ni certaines de ses amies qu’il m’est donné d’observer. Ces enfants de théâtre existent pour que les enfants s’y reconnaissent et s’y perdent, comme dans les miroirs qui déforment notre reflet et le rendent à son étrangeté hilare.
Ici, les enfants s’aiment, malgré tout, ils s’aiment sous la menace, altérés par la rancœur, la peur, la suspicion des adultes à l’égard des adultes. Romain et Sabah se sont choisis. Ces deux-là voudraient être ensemble, faire ensemble et ignorer, évidemment sans jamais le formuler ainsi, la politique de défiance internationale – quand il ne s’agit pas tout bonnement de haine officielle - qui plombe l’avenir et nous désoriente. Les enfants, tout en intuitions, tout en écoute, tout en instinct, sentent dans l’air qu’ils respirent flotter la montée des nationalismes.
Nous sommes malades de l’autre, que nous accusons de nos propres maux, ce qui est bien naturel puisque les autres sont ce qu’il y a de plus important en nous-mêmes, pour notre propre connaissance de nous-mêmes. C’est dans les autres que je pense sur moi, que j’essaie de mieux me connaître. Les moyens à ma disposition, ils me viennent toujours des autres.
Dans les cours de récréation, on aperçoit les stigmates de cette maladie qui nous rend inacceptable la différence. L’autre, inacceptable parce que différent. Je crois que la politique ne nous guérira pas de cette ignorance mortifère, que son champ d’action a été grillagé par ses principaux acteurs et qu’aux citoyens, on demande de faire de la figuration bête et méchante. Figurer dans les statistiques, figurer sur les images en tant que signifiant quantifiable, corps prêt à se muer en chiffres qui ne démontrent plus rien: voilà notre lot de terriens dociles.
Je ne crois pas non plus que la poésie puisse nous sauver. "Mais il reste la poésie", comme l’écrivait Sylvia Plath, qui l’aimait à en crever. Nous ne savons plus manier le rêve dans ses nuances multiples, l’éventail de ses acceptions; comment l’envisager encore en tant que réalité possible? Les rêveurs sont perçus ironiquement, quand ils ne sont pas dénigrés, humiliés en place médiatique.
Au théâtre, pourtant, nous sommes invités à rêver une autre parole, d’autres corps, portés par des fables (linéaires, cycliques ou ramifiées), que le vent de la narration se charge de régénérer.
À quoi bon établir des constats théâtraux bien trop ficelés, dresser d’implacables procès-verbaux dramatiques? Préférons-leur les chemins buissonniers, les sentes poétiques, les routes de terre battue, les lignes de crêtes, qu’empruntent les enfants qui ne se soumettent pas à la dure loi des pragmatiques.
FABRICE MELQUIOT
Texte:
Fabrice Melquiot
Mise en scène:
Dominique Catton
Christiane Suter
Scénographie:
Dominique Catton
Création Lumière:
Andrea Abbatangelo
Création sonore et musicale:
Renaud Millet-Lacombe
Jean Faravel
Costumes:
Irène Schlatter
Régie plateau:
François-Xavier Thien
Peinture décor:
Terence Prout
Maquillage:
Katrine Zingg
Construction décor:
Ateliers du Lignon
Avec:
Antoine Courvoisier
Nasma Moutaouakil
Renaud Millet-Lacombe
WEBOGRAPHIE
▶▶ Teaser
▶▶ Les Séparables: L’envers du décor
Entretien avec C. Suter, D. Catton , N. Moutaouakil, A. Courvoisier dans le cadre de la création Les Séparables de F. Melquiot au Théâtre Am Stram Gram, Genève
BIBLIOGRAPHIE
Propositions de lectures pour poursuivre le spectacle autrement (livres en vente à la librairie du Théâtre)
EXTRAITS DE PRESSE
Roméo et Juliette à hauteur d'enfance
Si Les Séparables touche, c’est que Fabrice Melquiot écrit à tous les temps, celui de nos 10 ans, celui de nos 16 ans, celui de nos maturités incertaines. Ses formules sont joueuses, jamais frimeuses. (...) Les Séparables tourne autour de cette entaille: un premier amour qui a la beauté frappadingue de ce qui ne reviendra pas. C’est un spectacle sur le temps, celui de l’émoi et du regret, de l’action et du poème qui s’ensuit comme une consolation. L’exploit, c’est que ces glissements sont harmonieux.
Le Temps - 26.01. 2018 – Alexandre Demidoff
Un grand moment de théâtre
Il est d’ailleurs difficile de trouver des mots après avoir entendu le langage dramatique et pourtant délié de Fabrice Melquiot. Une fluidité du verbe qui ne craint pas l’âpreté, peut soudain s’écorcher, gagner le territoire secret des contes, laisser sous les rires apparaître les premières cicatrices. De ces Sépa- rables, rien n’est à ajouter ni à retrancher. L’équilibre entre réalité et onirisme est subtilement maintenu. Le drame, car il s’agit bien d’un drame, évolue comme un funambule sur un câble, entre risque calculé et imprévu.
Ecole & Culture - 16.01.2018 - Stéphane Dubois-dit-Bonclaude
L'amitié enfantine, plus forte que la séparation
Durant le spectacle, on mesure par moments la distance entre une écriture plus contemporaine et une transposition plus classique, c’est bien le point de ren- contre entre les deux qui ressort magnifié. À l’image des amants dont l’amour persiste malgré les obstacles. Non pas inséparables sous peine de succomber, mais séparables en apparence seulement.
Tribune de Genève - 19.01.2018 – Katia Berger
Roméo et Juliette des cités
(...) Ce que parviennent à faire partager Dominique Catton et Christiane Suter, que l’on soit enfant ou adulte, c’est leur bouleversante empathie pour les per- sonnages de Sabah et Romain. Ils aiment, comme Melquiot, les amours enfan- tines, préfigurations ineffaçables de nos amours de la maturité. Ces amours qui naissent de rien et qui risquent à chaque instant de mourir de tout : le racisme, les statistiques, l’ignorance, la soumission aux clichés de nos sociétés.
(...) La force du spectacle repose également sur le talent de Nasma Moutaouakil (Sabah) et d’Antoine Courvoisier (Romain). Ces deux jeunes acteurs sont im- pressionnants de spontanéité et de sensibilité. Leur jeu sans artifice va droit au cœur. Ils évitent toute complaisance et toute démagogie. Leurs corps déliés soutiennent magni quement les nuances délicates du texte et de la mise en scène. Et lorsque la vie les sépare, ils laissent les spectateurs à la fois émus et lucides. Chapeau.
Les Trois coups - 3.02.2018 - Michel Dieuaide
Les Séparables
(...) les mots de Fabrice Melquiot allègent le pathos et ajoutent un peu d’humour dans ce drame désormais éternel version fait divers contemporain. Ce que l’on retient surtout, c’est la performance des deux acteurs (Nasma Moutaouakil et Antoine Courvoisier), très investis sans en faire trop, tentant des nuances, touchant du doigt la force fragile si particulière du moment où la candeur de l’enfance laisse progressivement la place à la conscience de la réalité.
I/0 Gazette ! - 22.02.2018 - Marie Sorbier
▶▶ Bande annonce audiodescription de Les Séparables