La phrase de Paul Celan vaut pour le spectacle: "Qui témoignera pour le témoin?" Il est question ici de réparation, de reprise de la chaîne de la parole, de poursuite du témoignage. Face à de nouveaux auditoires, face à de nouvelles générations.
La phrase de Paul Celan vaut pour le spectacle: "Qui témoignera pour le témoin?" Il est question ici de réparation, de reprise de la chaîne de la parole, de poursuite du témoignage. Face à de nouveaux auditoires, face à de nouvelles générations.
D'après le roman Yannick Haenel
Varsovie, 1942. La Pologne est dévastée par les nazis. Jan Karski est un messager de la Résistance polonaise auprès du gouvernement en exil à Londres. Il rencontre deux hommes qui le font entrer clandestinement dans le ghetto de Varsovie afin qu’il dise aux Alliés ce qu’il a vu et qu’il les prévienne que les Juifs d’Europe sont en train d’être exterminés. Jan Karski traverse l’Europe en guerre, alerte les Anglais et rencontre le président Roosevelt en Amérique. Mais son appel restera sans suite. Après presque quarante années de silence, il accepte de témoigner à nouveau dans le film "Shoah" de Claude Lanzmann.
Le destin extraordinaire de cet homme, confronté à la passivité des démocraties alliées face au génocide organisé par les nazis, interroge Yannick Haenel qui écrit, en 2009, un roman construit en trois temps: celui de la parole filmée qu’il retranscrit, celui de l’autobiographie de Karski et, enfin, celui de l’imaginaire du romancier qui fait parler le héros au présent. Troublé par ce livre, Arthur Nauzyciel a décidé de l’adapter pour la scène, persuadé que "s’il n’y a pas de limites à la littérature", il ne peut y en avoir au théâtre. Comme à son origine, le théâtre peut faire entendre la voix de ceux qui n’en ont plus et transmettre au plus grand nombre cette tragédie du silence imposé. Au moment où les témoins de l’Holocauste disparaissent, le temps du relais est venu. Mise en exergue du livre de Yannick Haenel, la phrase de Paul Celan vaut pour le spectacle: "Qui témoignera pour le témoin?" Il est question ici de réparation, de reprise de la chaîne de la parole, de poursuite du témoignage. Face à de nouveaux auditoires, face à de nouvelles générations.
Pour cette création, Arthur Nauzyciel retrouve des complices artistiques qui ont participé à ses précédents spectacles. Il travaille également avec Marthe Keller et, pour leur première participation à une création théâtrale, avec le plasticien polonais Miroslaw Balka et le musicien Christian Fennesz.
Joué au Théâtre de Vidy du 13 au 22 novembre 2014
Saison 14/15
Durée: 2h40
Production: Centre Dramatique National Orléans/Loiret/Centre
Le metteur en scène Arthur Nauzyciel, lecteur attentif et inventif, fait de la confrontation de la scène aux techniques cinématographiques et aux univers plastiques et scénographiques évocateurs les arguments d’un théâtre inscrit dans le présent. Ce sont pour lui autant de façons de déplacer la parole théâtrale pour la faire résonner dans des situations où elle n’est pas attendue et en révéler ainsi des dimensions enfouies. Aussi son théâtre est-il le lieu de l’entre-deux, limbes entre vivants et fantômes, réalité et fiction, émotions et politique. Il dirige aujourd’hui le Théâtre national de Bretagne, dont il a fait une maison hôte d’acteurs·rices, d’auteur·e·s de littérature comme de cinéastes, plasticien·ne·s ou historien·ne·s, espace d’une parole publique, curieuse et partagée, discutant l’actualité. A Vidy, il a présenté en 2014 Jan Karski (Mon nom est une fiction) de Yannick Haenel, un dialogue entre histoire et fiction, et en 2016, Splendid’s de Jean Genet, une parole donnée aux marges, autre signe de son travail.
Mise en scène et adaptation:
Arthur Nauzyciel
Vidéo:
Miroslaw Balka
Musique:
Christian Fennesz
Décor:
Riccardo Hernandez
Lumière:
Scott Zielinski
Regard et chorégraphie:
Damien Jalet
Son:
Xavier Jacquot
Costumes:
José Lévy
Avec:
Arthur Nauzyciel
Laurent Poitrenaux
Alexandra Gilbert
ou Manon Greiner
La voix de Marthe Keller
Production:
Centre dramatique national Orléans/Loiret/Centre
Coproduction:
Les Gémeaux scène nationale de Sceaux
CDDB-théâtre de Lorient CDN
MCB° Bourges scène nationale
La Comédie de Reims CDN
Festival Reims scènes d’europe
Festival d’Avignon
Avec le soutien de:
Institut polonais, région Centre et de la Fondation d'entreprise Hermès dans le cadre de son programme New settings
Avec la participation de :
Institut français
Avec l’aide de:
Théâtre TR Warszawa
Ambassade de France en Pologne
Pour les représentations à Vidy:
Ambassade de Pologne en Suisse
Le spectacle "Jan Karski (Mon nom est une fiction)" a reçu le prix Georges-Lerminier du syndicat de la critique pour la saison 2011/2012.