Rabih Mroué est un homme de théâtre et un plasticien reconnu, dont les oeuvres sont présentées autant dans des théâtres, des festivals, des galeries, des musées – dont le MoMa à New-York récemment – que lors d’expositions internationales – Pixelated Revolution a été créé à la dOCUMENTA de Kassel en 2013, par exemple. Pas d’odeur, qui rassemble ce mois-ci à Vidy différentes oeuvres récentes de l’artiste libanais, en témoigne. Complétant le programme de spectacles et de conférences non-académiques présenté du 11 au 14 juin et que Rabih Mroué co-signe avec Lina Majdalanie, l’exposition est composée de photographies et de vidéos, d’installations et d’oeuvres plastiques, de photomontages et de documents.
Entre la fable et le témoignage
Comme d’autres artistes contemporains, Rabih Mroué utilise l’archive et le documentaire troublés par la fiction et le montage pour interroger l’influence du passé sur le présent et la construction de l’identité dans les situations d’oppression. Il ne s’agit pas de devenir ainsi le gardien de la mémoire de son pays ou le témoin passif de son époque, mais plutôt de réinvestir les représentations du passé pour ouvrir d’autres perspectives pour le présent. Ainsi, comme au théâtre, il met en scène moins la vérité de l’histoire que la façon dont nous nous représentons le passé récent et la situation actuelle de cette région du monde. Ce déplacement du regard ouvre d’autres compréhensions, d’autres formulations, d’autres possibles que ceux que semblent dicter le passé réifié, la réaction sans distance face à l’actualité bouleversante et les idéologies dominantes, qu’elles soient religieuses ou économiques.